L’Iceberg
Avec les voix d’Etienne Charry, Eric Da Costa, Catherine Darrot, Virginie Desmoulins, Paul-Emmanuel Dubois, Hervé Lebau, Michaël Schouflikir, Kenta Yokoo
Musique d’Etienne Charry
(…) Isolé sur un iceberg, et sans doute faute d’avoir à manger, un ours polaire discute avec un scientifique. Ils attentent ensemble le convoi de ravitaillement qui leur permettra de survivre. Cette « histoire de froid » nous est racontée par un groupe d’automates musiciens, composé d’animaux préhistoriques accompagnants un chanteur au piano et à la basse. A la façon dont ils se plaignent si humainement de leurs doigts, trop gros pour jouer d’un instrument, ou de leur nudité, ridicule pour interpréter cette musique qui « n’est pas de bête », on comprend rapidement qu’aucun de ces personnages ne se trouve être à sa place. Frappé de disruption, ce petit monde saboté vacille dans l’obscurité. A l’exception, peut-être, d’une vieille femme chamane, venue visiter nos amis en plein désarroi. Sa voix semblable au croassement d’un corbeau et les polyphonies étranges qui lui font écho décrivent un monde naissant aux contours fugaces. Sur les parois de l’iceberg phosphorescent où les personnages se tiennent, une baleine, des oiseaux, des gamètes, des nappes d’air ou des vagues sont projetés par intermittence, animant ce volume de turbulences. Inaptes à décrire le monde désorbité où ils se tiennent, les personnages se mettent à chanter pour évoquer ce mouvement de la terre de la mer et du ciel qui se confondent (…)
Marguerite Pilven